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La discrimination raciale des noirs et métis au Brésil

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La discrimination raciale des noirs et métis au Brésil

Derrière l’image idyllique des cartes postales brésiliennes, les afro-brésiliens sont victimes d’un racisme cordial et de la ségrégation raciale. En effet, un racisme cordial, car le Brésil est perçu comme une nation métissée, tolérante et ouverte. Lorsqu’on évoque le Brésil, on pense au carnaval, la samba ou la capoeira. Il faut signaler qu’au Brésil, 2 pauvres sur 3 sont noirs ou métis. Ils représentent 45 % de la société brésilienne. Globalement, les noirs et les métis touchent des salaires plus bas que les blancs et les Asiatiques (salaires 2,4 fois plus élevés), n’ont pas accès un enseignement de qualité, meurent plus jeunes du fait de conditions de vie précaire, d’un accès difficile aux soins de santé et du fait de violences. Plus de 70 % des homicides enregistrés au pays en 2010 ont touché des noirs de sexe masculin. Selon une étude, du Forum brésilien de sécurité publique, les policiers brésiliens sont les plus dangereux au monde, comptant six personnes tuées chaque jour au cours des cinq dernières années.   Le Brésil vit dans une société à deux vitesses ou les inégalités raciales sautent aux yeux. Malgré que les populations noires ou métisses sont majoritaires, la population blanche détient tous les leviers politiques, économiques et culturels du pays.
Les 50 organisations de défense des droits de l’homme et des mouvements noirs disent que :

 Nous sommes témoins dans nos communautés de pures exterminations, qui surviennent à travers des homicides systématiques similaires à ceux que l’on peut voir en période de guerre, voire plus. À cela s’ajoutent les conditions de vie précaires et la négation de droits élémentaires tels que la santé, l’éducation, la sécurité, le logement, les transports, l’accès à l’université, à la culture et aux loisirs – touchant, surtout, la population noire –, ce qui s’apparente pour les mouvements sociaux et les mouvements noirs, à un véritable génocide de la jeunesse brésilienne noire et de la population noire. »

Pour Douglas Belchior, un blogueur brésilien :

 Les médias grands publics, pendant qu’ils couvrent en partie les rassemblements de noirs dénonçant les violences policières aux Etats-Unis, négligent les atrocités commises par la police brésilienne. Au contraire, […] les médias banalisent les décès, si bien que [l’actualité] se comporte comme si le silence des personnes décédées équivalait à l’innocence de leurs meurtriers. »

Le journaliste Fernando Vianna exprime :

 Si après chaque décès de personnes noires tuées par la police au Brésil, une partie de la population marchait dans les rues avec révolte, comme à Ferguson, nous vivrions des convulsions quotidiennes. »

Par rapport aux blancs, la population noire souffre :

  • De stigmatisations, insultes, agressions et homicides au quotidien. 70 % des homicides sont des noirs ou métis. Les noirs sont plus interpellés par la police et souffrent de discrimination. En 2012, 56 000 personnes ont été tuées au Brésil, parmi lesquelles 77 % noires, et 53 % âgées de 15 à 29 ans, selon la Mapa da Violência 2014(cartographie de la violence pour l’année 2014), une étude menée par l’institut Sangari.
  • Scolarité faible. Les élèves noirs et métis viennent des écoles publiques, dont le niveau est faible.
  • Moins d’opportunités. Seuls 3,5 % des 90 millions de Noirs qui vivent au Brésil occupent un poste à responsabilités. À peine 10 % des diplômés des universités sont noirs. Dans une grande partie des écoles privées, on trouve dans le meilleur des cas 1 jeune Noir pour 100 Blancs. Les banques ne veulent pas de Noirs.
  • Ils souffrent de stéréotypes les cheveux bons sont raides et les cheveux mauvais (frisés types afro). Ou encore, “un travail de Noir” signifie un travail mal fait. Il y a une expression brésilienne très connue : “le Noir doit savoir où est sa place.” Dans l’esprit de nombreux Brésiliens, un noir riche ne peut être qu’un footballeur. Au Brésil, tout le monde pense que chacun naît, ou naissait, à une place déterminée : le Blanc derrière un bureau, la Noire dans la cuisine, explique José Vicente.
  • Le salaire moyen d’un noir est inférieur à celui d’un blanc. C’est encore pire pour une femme noire.
  • Les Afro-brésilien sont cantonnés à des emplois sous-qualifiés (femmes de ménage, domestique, nourrices, ouvriers).
  • A la télé, dans les chaînes de télévisions ou dans les magazines, les afro-brésiliens sont quasi inexistants. Le modèle de beauté préféré des télévisions correspond au stéréotype nordique : des femmes blondes aux yeux clairs. Un brésilien noir sera toujours jugé par sa couleur de peau s’ il essaie de se faire une place dans la haute société brésilienne.
  • On ne voit pas de Noirs dans les pubs à la télévision, ni à l’accueil, ni comme vendeuses dans les centres commerciaux ; on voit peu de Noirs dans les facultés (privées ou publiques), et tout aussi peu à des postes de direction et diplomatiques. Dans le gouvernement de Dilma Rousseff, la protégée de l’ex-président Lula, il n’y a qu’une seule ministre noire et encore, celle-ci est confinée au portefeuille de Égalité raciale.
  • De nombreuses associations antiracistes dénoncent un sentiment de honte qui existe au sein des populations noires et métisses. Contrairement aux États-Unis, les noirs du Brésil n’utilisent pas leurs racines africaines pour définir avec fierté leur identité.
  • Il est obligatoire de signaler son appartenance ethnique ou sa couleur de peau dans les formulaires de demande de carte d’identité. Les em­ployeurs exigent que ces mentions figurent dans les candidatures à un poste.
  • Les commissions officielles des établissements supérieurs publics déterminent à leur guise qui est noir et qui est blanc.
  • Le racisme est cordial, caché, mais tout autant discriminatoire. Il s’appuie sur le mythe de la « démocratie raciale », cette rencontre des trois races (africaine, aborigène et européenne) décrite dans les années 30 par le sociologue Gilberto Freyre.
  • Dans les grandes villes, à Rio ou São Paulo, les noirs et les métis vivent majoritairement dans les favelas, les quartiers les plus pauvres. En effet, les noirs sont plus pauvres, meurent plus jeunes, sont plus souvent victimes de violence policière.

Le 13 mai 1888, il y a l’abolition de l’esclavage au Brésil. Des milliers de noirs furent abandonnés à eux-mêmes sans terre ni compensation financière. Rien n’a été fait pour les intégrer.  Ils se dirigèrent soit dans les grandes villes pour vivre dans la misère ou continuèrent à travailler dans les plantations pour 3 sous. Complètement oublié par la société brésilienne, les noirs ont du se battre pour trouver leur place dans une société inégalitaire et injuste où la couleur de la peau détermine d’avance ton destin. Les noires ont tellement honte qu’ils se mélangent pour avoir des enfants métisses de plus en plus blanc, qui auront la chance d’être mieux intégré dans la société.

Mesure de discrimination positive au Brésil.
Ces mesures ont pour but de promouvoir l’égalité raciale en combattant les effets pervers de la discrimination raciale, et en favorisant l’accès aux droits fondamentaux comme l’éducation et l’emploi pour les Afro-descendants.
La discrimination positive pour les Noirs est apparue au Brésil avec le système des quotas raciaux, pour l’entrée dans les universités publiques. Ce procédé a permis a permis à une nouvelle génération de noirs et de métis à accéder à des études supérieures.
Les progrès et effets positifs dans la société brésilienne.
Petit à petit, les associations et mouvements noirs arrivent à mettre en avant le sentiment d’africanité en luttant contre les inégalités.
À la télévision, l’un des passe-temps préférés des Brésiliens, les noirs sont mieux représentés. Les choses avancent lentement au Brésil. Mais, la route est encore longue. Les telenovelas, les feuilletons télévisés, s’ouvrent aux acteurs de couleur et ne les confinent plus aux rôles de la bonne ou du bandido.
L’État brésilien a mis en place des monuments et de musées publics relatifs à l’esclavage : il y a des bustes érigés à la mémoire de Zumbi, héros résistant duquilombo de Palmares, à Rio de Janeiro, et de quelques musées spécifiquement dédiés à la réalité afro-brésilienne.
Joaquim Barbosa, président de la Cour suprême, est le premier noir à siéger à la plus haute cour du pays.
Dans le domaine musical ou du sport, les opportunités restent encore possibles.

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