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La maman aux 20 000 enfants : Maggy Barankitse une femme d’exception

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La maman aux 20 000 enfants : Maggy Barankitse une femme d’exception

Afroculture.net vous parle aujourd’hui d’une femme d’exception, une femme au grand cœur, qui a lutté contre la discrimination ethnique au Burundi.

La naissance d’une femme d’exception

Surnommez la maman aux 20 000 enfants, Marguerite Barankitse est née en 1957 au Burundi, un petit pays du centre de l’Afrique. Elle est Tutsie et catholique.  Sa mère veuve qui a adopté 8 enfants, reste un exemple pour elle. Elle lui a inculqué des valeurs de fraternité, de partage et de compassion.

Elle poursuit ses études et devient à 22 ans, professeur de français à l’école secondaire de sa ville natale Ruyigi. Militante de l’égalité des peuples, elle dénonce en 1983, les discriminations scolaires que subissent les enfants Hutus. Elle est sanctionnée par l’établissement et relevée de ses fonctions d’enseignante. À 23 ans, elle adopte, Chloé, une orpheline Hutu, qui pleurait beaucoup dans sa classe, car elle n’avait plus de famille. Au lieu de se marier, Maggy décide de se vouer aux plus démunis en leur donnant un foyer d’amour et d’espoir.

Témoin du conflit entre Hutus et Tutsis au Burundi

  • Guerre Civile au Burundi : de 1993 à 2003

Depuis l’assassinat du premier président de la République Melchior N’Dadaye, un Hutu élu démocratiquement, le pays subit de plein fouet une guerre fratricide, qui causera plus de 800 000 morts entre Hutus et Tutsis. Les Hutus se vengent de la mort de Melchior N’Dadaye en massacrant des Tutsis. Et l’armée intervient et commence à massacrer les Hutus. C’est une guerre tribale sans fin.

Le 24 octobre 1993, elle est le témoin direct de ce conflit et échappe de peu à un massacre. Elle a adopté 7 enfants et continue de prendre en charge une vingtaine d’orphelins, hutus et tutsis. Poursuivies par des rebelles armés de machettes, Maggy et ses enfants se  réfugient à l’évêché de Ruyigi.

 Femme courageuse, elle cache les enfants dans les placards de la sacristie. Malheureusement, ils vont être trouvés. Maggy sera ligotée nue à un poteau et elle va voir sous ses yeux, 72 personnes, dont Juliette une de ses amies, se faire exécuter. Parmi ces groupes armés, il y avait des membres de sa propre famille. Très fâchés contre elle, car elle a sauvé la vie de ces enfants Hutus, ils décident d’épargner sa vie. Avec plus d’une vingtaine d’enfants qui ont survécu miraculeusement à ce drame, Maggy part se cacher chez un Allemand qui habite à quelques kilomètres. Parmi ces enfants adoptés, il y a Lydia et Lysette, les enfants de Juliette.

Sensible à toutes les horreurs qu’elle a vues pendant la guerre civile, elle décide de changer les choses en devenant un ange de la paix.

Mais la violence ethnique devient de plus en plus virulente. Beaucoup d’enfants abandonnés se présentent à sa porte pour lui demander de l’aide. Elle se pose mille et une question. Comment faire pour redonner du bonheur à ses enfants ? Comment les mettre en sécurité ? Comment les inculquer des valeurs de paix et de tolérance ?

Barankitse décide alors de créer la Maison Shalom en mai 1994 dans des bâtiments prêtés par l’évêché.

« Il fallait faire, ensemble, le travail de deuil et un jour, tourner la page. Pardonner. Moi, je n’ai pas pu le faire tout de suite. D’ailleurs, si je n’avais pas été chrétienne, je crois que je me serais suicidée. Je me sentais trahie : mes frères de sang avaient tué ma famille. Au début, j’étais animée par une rage folle. J’ai passé trois mois sans verser une larme. Puis, j’ai pleuré. Longtemps ».

« Certains sont partis, mais d’autres sont venus me demander pardon. Cela m’a libérée. Quand on n’arrive pas à pardonner, on reste le dos courbé. »

La Maison Shalom

La maison Shalom est une Organisation Non Gouvernementale (ONG) et un havre de paix dans la ville de Ruygi. C’est un refuge, un lieu d’accueil dédié aux enfants abandonnés, orphelins, enfants-soldats démobilisées, qu’importe leurs ethnies Hutus ou Tutsis, où ils peuvent se sentir en sécurité et apprennent le vivre ensemble. Elle emploie 600 personnes et fait vivre 60 000 paysans.

Son but est de réintroduire la vie

Dans cette demeure, les enfants sont nourris, habillés, soignés et scolarisés. Il y a une ferme, un hôpital, une bibliothèque, un atelier mécanique, un restaurant, un cinéma, un salon de coiffure, un cybercafé. Aux cinémas des Anges, les enfants s’ouvrent sur le monde en regardant des films sur Gandhi ou Mandela. Dans le garage des Anges, les enfants-soldats et ceux qui sortent de prison apprennent la mécanique.

Avec de la persévérance, beaucoup de foi et de patience, la Maison Shalom devient un énormes complexes d’écoles, d’hôpitaux et un réseau de soins. En 10 ans, la maison Shalom va devenir la cité des Anges.

Tout au long de son combat pour la vie et l’égalité des chances, Maggy a sauvé plus de 40.000 enfants. Grâce à la bonne éducation qu’ils ont reçue, ils ont pu changer le cours de leur vie et avoir un métier. D’autres ont décidé de poursuivre le combat de leurs mamans au grand cœur, en ouvrant des Maisons Shalom dans différentes régions du Burundi.

Par la suite avec son équipe, elle ouvre d’autres maisons pour aider les enfants victimes de cette guerre fratricide et de les insérer dans la société.

Fuite et exil du Burundi vers le Rwanda

En 2015, elle est condamnée à l’exil. Menacée par le gouvernement en place, elle est obligée de fuir le Burundi, qui fait face à une crise politique majeur. Tous ceux qui protestent contre le pouvoir en place, sont réprimés par le sang.

La Maison Shalom est fermée sous la pression des milices. Elle se consacre ainsi à aider les réfugiés burundais dans les pays voisins. Elle a évacué plus de 50 enfants vers le Rwanda. Des milliers de Burandais apeurés et paniqués fuient vers les pays voisins comme le Rwanda, la Tanzanie, l’Ouganda ou la RDC.

Prix et distinctions

  • En 1998, Prix des Droits de l’Homme, attribué par le gouvernement Le 28 février 2000, elle obtient le trophée du courage décerné par le mensuel Afrique International18.
  • Le 27 février 2009, elle est faite chevalier de la Légion d’honneur par Rama Yade29.

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