Connaissez-vous le militant de la lutte anti-apartheid Steve Biko en Afrique du Sud ? Figure emblématique de la lutte anti-apartheid, Steve Biko a su marquer l’histoire des Sud-africains en voulant libérer les noirs de leurs complexes. À travers la conscience noire, il véhicule l’idée que les noirs doivent prendre en main leur propre destinée en arrêtant de se sentir inférieur par rapport aux blancs. Mort dans des conditions très tragiques, Steve Biko restera un martyr de l’apartheid et un symbole de la conscience noire.
Steve Biko, le martyr de l’anti-apartheid
Steve Biko, un homme engagé pour la terre sud-africaine
Né le 18 décembre 1946, à Ginsberg, près de King William’s Town (Eastern Cape), Steve Biko est très vite confronté aux problèmes raciaux dans sa famille. En effet, son père Mzimkhayi est assassiné par un policier blanc lors d’un rassemblement de militants le 12 septembre 1951. Tout ceci éveilla en lui un esprit de changement et de révolte concernant la situation des noirs en Afrique du Sud.
Fortement inspiré, par des grands leaders tels que Marcus Garvey, W.E.B DuBois, Alain Locke, Frantz Fanon, Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire, Steve Biko se rend compte que la situation des noirs doit littéralement changer en Afrique du Sud. Il met en avant un mouvement pacifiste, non-violent comme Martin Luther-King. Il essaie de changer les choses en travaillant sur des projets sociaux, éducatifs et culturels. Son mouvement conquiert de plus en plus un public de jeunes assoiffé de changement et de nouveauté pour leurs conditions.
À l’université de Durban, il s’inscrit à la faculté de médecine. Dans un premier temps, il rentre au sein de l’Union nationale des étudiants sud-africains (National Union of South African Students, Nusas). Puis, il se sépare d’eux en 1968 pour militer pour un mouvement plus propice au noir. En 1969, il crée la South African Students Organisation (Saso, organisation des étudiants sud-africains) et en devient le président. En 1972, il fonde le “Black People Conventions.” C’est-à-dire, c’est plus de 70 mouvements et associations noires qui adhèrent à une des philosophies de Steve Biko Black conscioussness (la conscience noire). Viré de la faculté de médecine, il travaille ardemment dans des projets sociaux, éducatifs et culturels pour aider et développer les quartiers noirs défavorisés.
Steve Biko adopte la doctrine des Black Panthers qui devient son slogan “Black is beautiful” tout en mettant en avant sa philosophie de Black conscioussness (la conscience noire) dans l’esprit des Sud-africains.
Les idées d’un révolutionnaire
La philosophie de Steve Biko “Black conscioussness” a pour but de permettre aux noirs de croire en leurs capacités et de prendre en main leur destinée. Steve Biko veut mettre fin à cette victimisation inconsciente des noirs face à leurs situations. Il souhaite les débarrasser de leurs complexes tout en leur permettant de retrouver leurs dignités et leurs identités. Il souhaite que les noirs cessent d’être des assistées face aux blancs et prennent enfin leurs destins en main. Mais pour cela, ils doivent enlever ce sentiment d’infériorité qui a toujours vécu en eux.
Dans un discours à Cape town, Steve Biko lance : “L’arme la plus puissante dans les mains des oppresseurs, et la mentalité des opprimés ! “
Pour lui, les Noirs doivent cesser de penser qu’ils sont inférieurs et de prendre enfin leurs responsabilités. Il veut réveiller la prise de conscience des sud-africains noirs. Ils souhaitent une émancipation des noirs face aux colons blancs, une libération des noirs face à l’apartheid en récupérant sa dignité et en arrêtant de se minimiser et de sentir inférieur.
Il espérait qu’ainsi la majorité noire aurait enfin assumé un rôle dirigeant par sa démographie et son histoire. Que les noirs arrêteraient d’être assistés et compteraient sur eux-mêmes pour améliorer leurs situations. Le mouvement et les pensées de la conscience noire ont su conquérir l’esprit de nombreux jeunes sud-africains ayant soif au changement.
Censures, oppressions, maltraitances face à Steve Biko et son mouvement
Le gouvernement sud-africain a de plus en plus peur de Steve Biko et son mouvement. Son mouvement a su conquérir le cœur de milliers de personnes en Afrique du Sud qui se retrouvent dans les idées de ce militant. Le gouvernement sud-africain prend alors des mesures radicales faces à Steve Biko :
- Premièrement, il lui interdit de prendre la parole en public et de parler à plus d’une personne à la fois.
- Il l’accuse de terrorisme avec d’autres membres de la Black conscioussness (la conscience noire).
- Il le bannit et assigne à résidence dans sa région du Cap-Oriental.
- Steve Biko est surveillé et harcelé par la police en permanence.
- Steve subit aussi plusieurs arrestations.
Malgré toute cette censure et oppression, les jeunes sud-africains le soutiennent et rejettent les valeurs de modération et d’intégration de leurs parents. Il y a de nombreux soulèvements dans les townships et la révolte des écoliers contre l’imposition de l’éducation en afrikaans, va engendrer le massacre de Soweto. Courageux, bravant les interdisant, Steve sillonne le Cap-oriental et se lie d’amitié avec le journaliste Donald Woods qui écriera sa biographie.
Le 18 août 1977, il est arrêté par la police avec son ami Peter Jones. Accusé de terrorisme, il est emmené à Port Elizabeth où il est sévèrement torturé. Puis, le 11 septembre 1977, il est transféré à Pretoria, Transvaal.
Le 12 septembre 1977, Steve Biko meurt en détention. Selon les sources officielles, il serait mort d’une grève de la faim. Mais, tous ceci est totalement erroné, car Steve Biko est décédé dans des circonstances malheureuses.
La mort d’un héros de la nation sud-africaine
Les conditions de la détention de Steve Biko font polémique. Personne ne croit réellement à la version officielle qui dit que Steve est mort d’une grève de la faim. Par la suite, on apprend que Steve Biko fut emmené dans les locaux de la police et interrogé. Les policiers l’ont dévêtu, roué de coups à plusieurs reprises, enchaîné comme un animal. Le 7 septembre, un rapport disait qu’il était dans un état grave. Inconscient, on le transporta nu à l’arrière d’ une fourgonnette de police sur une distance de 1 000 km
Après 16 jours de détentions sans aucun procès, le militant Steve Biko décède le 12 septembre 1977 de liaisons neurologiques causées par une chute accidentelle selon les rapports médicaux de l’époque.
Dans un premier temps, les policiers mentent sur les conditions de la mort de Steve Biko. Puis en septembre 1997, 5 policiers ont reconnu avoir participé à l’assassinat de Steve Biko devant la commission Vérité et Réconciliation présidée par Desmond Tutu. Ils reconnaissent avoir frappé le prisonnier avec violence et avoir menti sur la date de sa mort, mais ils gardent la même ligne de défense que sa mort est accidentelle.
Malheureusement, les policiers concernés ne reçoivent qu’un simple blâme. Ils ont pris la vie d’un homme innocent. La photo du cadavre de Steve Biko nu, gisant à même le sol, plein d’ecchymoses, a fait le tour de la planète. Son assassinat suscita l’indignation du conseil de sécurité et de nombreuses larmes chez les Sud-africains.
Aujourd’hui encore, Steve Biko reste et restera un symbole, un héros, une figure de la lutte anti-apartheid et surtout un des grands martyrs de l’histoire. De nombreux artistes lui rendent hommage Manu Dibango, le Britannique Peter Gabriel, Renaud dans la chanson Jonathan, mais aussi dans le film ” Cry Freedom ” réalisé par Richard Attenborough avec Denzel Washington dans le rôle de Steve Biko.
Lors de son élection en 1994, Nelson Mandela dit que : ” Steve Biko a été le premier clou dans le cercueil de l’apartheid.”
Steve Biko, le martyr de l’ apartheid |
Que pensez-vous de la triste mort de Steve Biko !
merci pour tous ces articles. Je suis content de relire vos très bon articles.Le pauvre steve biko n’a rien demandé il voulait juste gagné le respect de son peuple. Que le bon dieu le bénisse et une pensé a lui.