Beaucoup de noirs originaires de l’Afrique, des Antilles ou des Afro-américains ont été déportés dans les camps nazis. La plupart du temps, les prisonniers étaient emprisonnés pour fait de résistance. Mais, il existe quelques exceptions. Suite aux nombreuses lois discriminatoires en Allemagne, un noir qui sortait avec une femme allemande ou n’était pas assez discret pouvait se retrouver rapidement dans les camps de concentration. Mais comment était la vie des noirs dans les camps ? Souffraient-ils du racisme face aux autres prisonniers ? Étaient-ils traités de la même façon que les autres prisonniers ? De nos jours, il est difficile de savoir combien de Noirs ont été déportés dans les camps nazis, car les Allemands les comptaient selon leurs nationalités d’origine. Serge bilé parle d’un chiffre approximatif entre 10 000 et 30 000 Noirs décédés dans les camps. Cet article a pour objectif de rendre hommage à toutes ces victimes et héros oubliées en relatant l’enfer qu’ils ont vécu en Allemagne.
Les victimes noires dans les camps Nazis
1/ L’enfer des camps de concentration
Le traitement réservé aux noirs dans les camps de concentration était le même que pour les Juifs. La différence étant que les noirs étaient considérés comme « les sous-hommes des sous-hommes » entre le singe et le Juif. Pour eux, c’étaient des bêtes.
- Dans le camp de concentration de Neuengamme
Le camp de Neuengamme est situé en rase campagne, près de Hembourg. Au camp de concentration de Neuengamme, il y avait environ entre 10 ou 12 noirs. Seul 3 ou 4 personnes ont survécu à l’enfer de ce camp. Mais qui sont les survivants ?
- JOHN WILLIAM
Ernest Armand Huss alias John William est un chanteur ivoirien-français qui a été déportée à l’âge de 22 ans dans le camp de Neuengamme. Il porte le numéro de matricule 31 103. Le motif de sa déportation, est qu’il était accusé de sabotage dans l’usine de Sagem à Montluçon où il était ouvrier. John William raconte qu’il y avait entre 10 ou 12 noirs dans le camp de Neuengamme.
Il raconte que les noirs étaient parqués tous ensemble. Lors de leur arrivée, les geôliers allemands étaient étonnés par la couleur de leur peau. Ils se mirent à toucher leur peau pour vérifier qu’elle ne déteignait pas. Pendant son séjour au camp, John William travaillait comme mécanicien de précision. Les Allemands étaient ébahis par ses compétences et son savoir-faire. Ils n’avaient pas l’habitude de voir un noir qui savait lire et comprendre des plans très techniques. Grâce à son savoir-faire, il était un peu mieux traité. Sa foi religieuse l’a aidé à tenir et à résister dans le camp de Neuengamme.
Les difficultés dans le camp
_Le froid. En effet, il y avait des hivers terribles dans le camp de concentration de Neuengamme, car un vent glacial soufflait sans arrêt. Beaucoup de noirs sont morts, car ils avaient du mal à supporter le froid. Les températures étaient trop changeantes par rapport à leurs pays d’origine.
_Les travaux forcés. Les noirs travaillaient dans les carrières. Des milliers d’hommes y descendaient pour extraire des blocs de granite.
_Les détenus étaient tués et enterrés sur place quand ils étaient exténués.
- DOMINIQUE MENDY (1909-2003)
Dominique Mendy a été déporté au camp de Neuyengamme, le 24 mai 1944. Il porte le numéro de matricule 32 090. À l’époque, il vivait à Bordeaux et faisait partie de la résistance. Trahi par les siens, il est arrêté et conduit au camp de Neuyengamme. La vie au camp était très difficile. Un jour sans raison, les soldats le rouent de 50 coups. Ils le surnomment “Bimbo” qui est un terme très péjoratif en allemands pour désigner les Noirs. Dominique Mendy se fait alors passer pour bête. . Il se joue du Kapo (surveillant d’un camp nazi) en lui faisant croire que les Français l’ont raflé à Dakar et embarqué en France. Il leur raconte qu’il n’a pas de profession et qu’il ne sait que piocher la terre et balayer. Il affirme aussi, qu’il a peur des blancs et que son seul désir est de retourner dans son pays. La chance est avec lui, car le Kapo est né au Cameroun. Il prend pitié de lui et l’engage en tant que domestique pour lui éviter de travailler à l’extérieur où les températures oscillent entre moins 0 et moins 10. La femme du Kapo lui apporte parfois une pomme ou une poire qu’il s’empresse de partager avec ses camarades. Les SS le prenaient pour un demeuré mental et l’humiliaient constamment. Dominique reste fort et prend avec humour les humiliations des SS.
Par exemple, Dominique Mendy disait : ” Les SS me taquinaient en me demandant pourquoi tu es noir, je leur répondais. Je suis Noir. C’est parce qu’il n’y a pas de savon ici pour se laver. Alors, il me donnait un morceau de savon “
Il arrivait à obtenir de minimes faveurs comme le savon en disant qu’il avait besoin de savon pour nettoyer sa peau noire. De plus, grâce à son travail de planton, il pouvait récupérer des petits morceaux de pain qu’il partageait avec les autres détenus. Il a ainsi sauvé la vie à ses compagnons. Dans le camp de Neuengamme, Dominique Mendy aimait beaucoup discuter avec son ami Sénégalais Sidi Camara. Tous les deux originaires du Sénégal, ils aimaient parler dans leur langue natale le Wolof. Cela leur permettait de s’évader un peu et de s’imaginer un peu dans leur pays.
Les difficultés dans le camp
_Les humiliations permanentes faites au noir.
_Le manque de nourriture, le froid.
_Les bastonnades quotidiennes.
_Les atrocités du camp. En effet, les officiers allemands pensaient que Dominique Mendy était un attardé mental. Ils le laissaient voir comment ils assassinaient les bébés, les enfants et les mères qui arrivaient dans le camp. Seuls les hommes étaient épargnés, mais certains malchanceux étaient envoyés dans des blocs spéciaux pour servir de cobaye.
Dominique Mendy est resté 1 an et demi dans le camp nazi. Le 7 avril 1945, il est sauvé par la Croix-Rouge danoise qui l’emmène à Copenhague. Pour sa générosité, son courage et son dévouement, il a reçu la Légion d’honneur. Il est décédé le 24 juin 2003 à Dakar.
- SIDI CAMARA
Sidi Camara est le troisième survivant du camp de Neuengamme. Il est né le 3 mars 1902 à St Louis du Sénégal. Sidi Camara a été déporté en même temps que Dominique Mendy, le 24 mai 1944. Et, il porte le matricule 31 810. Camara passait son temps à discuter en wolof avec son ami Dominique Mendy. Les expressions “muñel, Yalla am na” (qui signifie prends patience, dieu est grand) revenaient sans cesse dans les discussions entre Sidi et son ami Dominique Mendy. Peu de temps, avant la fin du conflit mondial, il va être transféré au camp de concentration Bergen Belsen. Entre le 21 avril 1945 et le 4 mai 1945, Camara est décédé au moment de la libération du camp. Selon l’archiviste du mémorial de Bergen-Belsen, Sidi Camara a été enterré dans une fosse commune à Bergen-Belsen peu avant la Libération.
- ISIDORE ALPHA
Isidore Alpha est un Martiniquais, né le 16 décembre 1987 dans le quartier de La Trenelle. Avant la fin de l’été 1940, il fait de la propagande en distribuant des tracts et de journaux pour la Résistance. Dès 1942, Isidore Alpha rentre dans un mouvement de “défense de la France” fondé en 1941 par Philippe Viannay. Il participe ainsi à des actions de sabotages, fabrique de fausses pièces d’identité et continue de diffuser par grandes quantités le journal “Défense de la France”. Le 16 septembre 1943, Isodore Alpha est arrêté à Charenton, aux établissements Nicolats par la police française qui collaborait avec la Gestapo. Premièrement, il est interné au camp de Voves (Eure et Loir), puis à Compiègne au camp Royallieu le 10 avril 1944, pour être finalement déporter au camp de Neuengamme (Allemagne) le 21 mai 1944.
Isidore Alpha est affecté au commando extérieur de Wöbbelin où il va mourir d’épuisement, le 27 mars 1945. On va attribuer à Isodore Alpha la mention de “mort pour la France” sera attribuée par le ministre des armées du 1er juillet 1947. Il recevra aussi la mention honorifique ” mort en déportation” le 6 avril 1987. On peut retrouver son nom sur les plaques commémoratives des morts pour la France de la guerre 1939-1945 à l’intérieur de l’église Saint-Germain dès près, à Paris 6e.
- AMBROISE BILAN
Ambroise Bilan est un Martiniquais, né le 7 décembre 1906 à Fort-de-France. Il a appris le métier de tonnelier. Le 1er octobre 1927, il est incorporé au 22e Régiment d’infanterie coloniale à Hyères dans le Var. 1 an après, il est affecté dans la réserve de la Compagnie de la Martinique. Dix ans plus tard, il part s’installer à Paris avec sa femme Edmée Maraval. Il fait compagne pour la France contre l’Allemagne jusqu’au 26 juin 1940 et il est démobilisé le 1er août suivant. Il se retire à Paris et reprend son métier de tonnelier. Suite à une dénonciation, il va être arrêté par la police allemande dans la nuit du 7 au 8 novembre 1943. Il va être écroué à la prison du Cherche-Midi. Puis, il sera transféré au camp Royallieu, à Compiègne. Le 31 juillet 1944, Ambroise Bilan sera déporté au camp allemand de Neuengamme. Dans ce convoi, on peut compter 2062 détenus. Ambroise Bilan recevra le numéro d’immatricule 34 720. La vie au camp est difficile. Avant la fin de l’hiver, il est déporté au “camp de repos” de Bergen Belsen qui se trouve à plus de 120 km au sud, en direction de Hanovre. À cette époque, il y avait une grande épidémie de typhus à Belsen en 1945. Ambroise bilan sera évacué du camp de Belsen. Il devait être admis à l’hôpital de la Salpétrière à Paris. Malheureusement, il décède le 22 juillet 1945 à 2 heures du matin, âgé de 38 ans et 7 mois.
Ambroise Bilan recevra la mention “mort pour la France” le 29 mai 2012 par la décision du directeur général de l’Office national des anciens combattants.
- PAUL PINTARD
Paul Pintard a été déporté le 7 juin 1944 à Neuengamme, numéro de matricule 34 333.
- DOUDOU DIALLO et le GAMBIEN COCO SAMBA NJE
Dominique Mendy a parlé de Doudou Diallo et le Gambien Coco Samba Nje dans l’émission de télé “Témoins de notre temps. On n’a pas trouvé des traces d’eux dans les archives de Neuengamme. Doudou Diallo est né à Mékhé au Sénégal, le 9 février 1918. Il a rejoint la résistance en Bretagne.
- Dans le camp de concentration de Ravensbrück
Le camp de Ravensbrück est le premier camp ouvert en 1939 par les Allemands. C’est un camp spécialement réservé aux femmes et aux enfants. On peut donner un chiffre approximatif entre 132 000 au total dont 90 000 ne revinrent jamais. Selon la survivante Ginette Clement, c’est un camp d’extermination. Chaque personne était destinée à la mort par la faim, le froid, le travail, les coups, les expériences médicales et les humiliations à tout vont. Lorsque les femmes arrivaient, on leur enlevait leurs effets personnels, c’est-à-dire leurs vêtements, leurs chaussures. Puis, elles étaient obligées de prendre une douche. Au départ, on leur distribua des robes. Puis, on leur donna la fameuse “veste rayée”. Le traditionnel costume sur lequel elles devaient coudre leur numéro. Dans le cas de Ginette Clément, c’était le numéro 15 206 et le triangle rouge qui la désignait comme déportée politique.
Selon la couleur du badge, on savait à quelle “communauté” appartenait chacune d’entre elles.
Elles étaient entassées dans des blocs insalubres et dormaient à trois ou quatre par couchettes. Pendant douze heures, les détenus étaient obligés de travailler debout, sous les coups et les insultes incessantes. Elles s’arrêtaient à peine pour boire un bol de soupe et manger une rondelle de saucisson (et encore, pas tous les jours). Ginette Clément raconte que son travail consistait à mettre de la poudre explosive dans chacune des moitiés de la grenade.
- ERIKA N’GANDO
René Hautecoeur parle dans le film de Serge Bilé d’une jeune camerounaise nommé Erika N’Gando. Erika N’Gando fut déportée à l’âge de 35 ans dans le camp de Ravensbrück. On ne sait pas exactement le motif de sa déportation. On sait juste que ce camp a été crée pour recevoir les femmes qui s’opposaient au régime d’Hitler. Selon la survivante René Hautecoeur, il n’y avait pas de différence de traitement entre les blancs et les noirs. La belle Erika faisait les mêmes travaux que tout le monde. Le travail des femmes était de faire des souches, asséchées les barrés, les grandes roues de pierres.
René Hautecoeur raconte qu’Erika était extrêmement choquée de se retrouver là-bas. Elle est décrite comme une femme fragile, écrasée, traumatisée. Erika ne cessait de répéter sans cesse : “j’ai froid, j’ai froid. “ Elle avait tout le temps froid. Ses camarades la taquinaient en l’appelant ” Blanchette”
Malheureusement, Erika ne revint jamais du camp de Ravensbrück. Le froid, la faim, les humiliations, la dureté des travaux, les mauvais traitements, les conditions d’entassement ont eu raison d’elle.
La mort se promenait dans le camp. Chaque jour des personnes mourrait. Le sort des enfants était encore plus terrible. Ils étaient arrachés à leur mère. On les laissait mourir de faim et de soif. Ceux qui avaient entre 10 ou 12 ans étaient condamnés à des tâches dépassant leurs faibles forces. La survivante Ginette Clément se souvient d’une jeune femme enceinte qui devait subir des coups de pied dans le ventre, pour voir combien de temps le fœtus résisterait. Les nouveaux nés étaient moyés ou jetés dans un seau. Les jeunes filles étaient stérilisées dès l’âge de huit ans après expositions au rayon X. Le témoignage de Ginette Clément et René Hautecoeur montrent à quel point toute vie était interdite dans le camp de Ravensbrück.
- Dans le camp de concentration d’Oranienburg-Sachsenhausen
Le camp de concentration d’Oranienburg-Sachsenhausen est ouvert dès 1933.
- HUSSEIN BAYUME MOHAMED (1904-1944)
Hussein Bayume Mohamed était un ressortissant de la possession allemande de Tanganyika (aujourd’hui, la Tanzanie). C’était un soldat émérite qui a servi dans les forces coloniales allemandes dans la Première Guerre mondiale. Blessé grièvement, il a passé quelque temps dans un camp de prisonniers à Nairobi. En 1932, Hussein épousait Maria Schwadner. Avec elle, ils ont eu trois enfants. Ils vivaient tous à Berlin. Déjà en 1933, toute la famille avait perdu leur citoyenneté allemande. À cette époque, la situation était extrêmement difficile pour les noirs en Allemagne. En 1935, Hussein a perdu son emploi de serveur. Puis, en tant que professeur de langue, il n’a jamais amélioré son statut. Il était très mal rémunéré. Hussein a tenté de prouver sa loyauté en faisant du bénévolat pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais, sa proposition va être rejetée.
Septembre 1941, Hussein va être condamné d’avoir eu une liaison et des enfants avec une ” Aryenne.” Il n’y avait même pas de procès et personne n’a pu intervenir en sa faveur. Sa femme sera contrainte de divorcer. Le pauvre Hussein sera déporté au camp de concentration d’Oranienburg-Sachsenhausen où il décéda le 24 novembre 1944.
- Dans le camp de concentration de Mauthausen (Autriche)
Les atrocités et exécutions étaient permanentes dans le camp de concentration de Mauthausen. Beaucoup de témoins disaient que :
La seule punition prévue par les règlements était la bastonnade : 25, 50 ou 75 coups. Inutile de dire qu’on résistait rarement à plus de 50 coups. Beaucoup succombaient même avant. »
Le camp de concentration de Mauthausen est considéré selon Kogon (E.), Langbein (H.) et Rückerl (A.) comme un camp d’extermination au sens strict du terme. On tuait par gaz plus de détenus que dans les autres camps de concentration. On les tuait dans le camp principal, dans le camp annexe de Gusen. Plus précisément, dans un camion à gaz qui faisait la navette entre Mauthesen et Gusen.
- CARLOS GREYKEY
Carlos Greykey était originaire de Fernando Po, en guinée équatoriale. Il était un noir espagnol. Il a vécu en Espagne, puis en France lors de la guerre d’Espagne et enfin, il trouva un travail en Allemagne en tant que SS groom à Mauthausen. Selon les témoignages de survivants espagnols, l’officier SS commandant Franz Zieres l’employait comme groom et l’avait affublé d’une livrée. Carlos Greykey travaillait, mais il avait très peur d’être tué. Carlos était humilié sans cesse par les officiers SS en raison de sa couleur de peau.
Un jour, un officier ivre passa sa main sur son visage et lui demande :
Pourquoi tu es noir ? »
Greykey répondit :
Car ma mère a oublié de se laver »
Tout le monde se mit à rire. Mais, Greykey a été puni pour son insolence.
Par la suite, Carlos tomba en disgrâce et seule la solidarité des autres déportés espagnols lui permirent de survivre au mauvais traitement. L’un d’entre eux, qui travaillait au laboratoire au camp, parvint à sauver la photo (ci-dessus) que ses tortionnaires avaient prise de lui.
Le catalan Noir était un des survivants chanceux de Mauthausen. Constant Mariano explique : “Des années plus tard, j’ai appris qu’il était mort”. Il estime qu’il vivait près de la capitale, dans le département de Seine-Saint-Denis. Il était marié et avait eu des enfants.
- LIONEL ROMNEY
Lionel Romney était un marin de la marine marchande américaine. Il a été déporté au camp de concentration de Mauthausen. Lionel était le seul prisonnier noir. Chanceux, il a survécu à cet enfer.
- Dans le camp de Buchenwald
- JEAN (MARCEL) NICOLAS
Jean Nicolas est un haïtien résidant en Martinique. Il était employé à l’hôpital de Fort-de-France. Jean Nicolas fut arrêté en 1943 et déporté dans le camp de Buchenwald, puis à Dora-Mittelbau. Pour survivre, Jean Nicolas opte pour la ruse.
Dans un premier temps, il se fait appeler John Nicols et prétend être un aviateur américain. Il espère être pris en considération par les SS. Grâce à son aptitude pour les langues, Jean Nicolas parvient rapidement à discuter en allemand, russe et en polonais.
Dans un second temps, il se fait passer pour un médecin. Et, comme il possède quelques connaissances médicales, il est affecté à l’infirmerie où il sert à la fois d’interprète et d’assistant. Grâce à cette méthode, Jean sauvera la vie à plusieurs déportés.
Mais les Allemands ne sont pas dupes. Ils se demandent : ” Qui est-ce curieux personnage qui se prétend médecin américain ? ” Les Allemands pensent qu’il est un espion. En fin de compte, Jean Nicolas partagera le même sort que ses camarades. Malgré l’horreur, il sera libéré, puis évacué à l’hôpital américain de Neuilly. Malheureusement, les poumons de Jean Nicolas sont ravagés par la tuberculose. Le 4 septembre 1945, Jean (Marcel) Nicolas décède à l’hôpital Saint-Antoine à Paris.
- RAPHAËL ÉLIZÉ
Raphaël Élizé est né en Martinique, le 9 février 1891. Vétérinaire de formation, il fut le premier maire noir de l’hexagone. Plus précisément, il était maire de Sablé-sur-Sarthe. Malheureusement, il est destitué par l’occupant allemand en 1940. Raphaël, en bon patriote, rejoint la résistance pour lutter contre les nazis. Mais, il fut capturé et déporté. Le 9 février 1945, il mourut dans le camp nazi de Buchenwald. Pour ceux qui veulent un peu plus de détail, il est mort suite à un bombardement accidentel des alliés (britanniques) à Buchenwald.
- GERT SCHRAMM
Gert Schramm avait 15 ans lorsqu’il fut déporté au camp de concentration Buchenwald en Allemagne. Il était un des plus jeune prisonnier noir. Il a survécu à sa détention.
- BIDARD BERNARDIN ( camp d’Hinzert-Gross Roven-Buschenwald-Dora )
Bidard Bernadin est né le 20 mai 1892, à Saint-Joseph en Martinique. En août 1914, il est mobilisé. Il sortira de cette guerre sans aucune égratignure. Et, il recevra la Croix de guerre pour son courage au front. En 1922, il devient sergent au 7e Régiment d’infanterie coloniale en garnison à Bordeaux. Il se marie avec Laure Lacombe. À la fin des années 30, Bidard prend sa retraite et vit tranquillement avec sa femme à Bordeaux. Le 29 juin 1940, Bordeaux est occupée par les Allemands. Bidard décide de rejoindre la résistance pour les aider. Il s’active à la tâche et récupère des armes et des explosifs qu’il cache à son domicile. À la suite d’une dénonciation, la police allemande perquisitionne sa maison, le 13 mars 1943. Ils y trouvent de la poudre et des explosifs. Pauvre Bidard ! Il est arrêté et conduit au Fort du Hâ (quartier allemand). Ensuite, il est transféré à la prison de Fresnes, près de Paris (cellule 2010). Puis, il est déporté au camp d’Hinzert en Rhénanie en vertu des décrets “Nacht und Nebel”, signés les 7 et 12 décembre 1941 par Keital. Une fois de plus, il est encore transféré. Cette fois-ci, il est au camp de Gross Rosen (en polonais Rogosnica) avec l’immatricule 81 532. À Gross Roven, la vie des déportés est pénible. Le 26 mars 1945, on l’évacue à Buschenwald (numéro 113 096) à cause de l’avance des armées soviétiques. L’évacuation est dure à supporter, car ils sont privés de nourriture. Ils sont parqués dans des wagons sans toit. Son calvaire n’est pas fini, Bernardin sera transféré au camp de Dora, au nord-ouest de Buschenwald. À bout de forces, tremblant de fièvre, il décédera le 8 mars 1945 au camp de Dora.
Bernard Bernardin recevra la mention “Mort pour la France ” le 9 mars 1948. Le 16 février 1954, on lui attribue la mention de déporté politique. On grave son nom sur une plaque de marbre, du monument aux morts de Saint- Joseph (Martinique), le 30 avril 2006. Pour qu’on n’oublie jamais son courage et son sacrifice.
- Dans le camp de concentration de Dachau
- JEAN (JHONNY) VOSTE
Jean Voste est d’origine congolaise. C’est un combattant de la résistance belge. En mai 1942, il fut arrêté pour fait de résistance et sabotage. Puis, il sera déporté dans le camp de concentration de Dachau. Dans le camp, il a pour mission d’empiler les caisses de vitamines. Au péril de sa propre vie, il a distribué des centaines de vitamines aux détenus du camp. Grâce à son courage, Jean Voste va sauver la vie de nombreuses personnes. Jean Voste survivra au camp de Dachau.
La devise de Jean Voste était :
Non, vous ne pouvez pas avoir ma vie. Je me battrai pour elle »
- Dans le camp de Laufen et Tittmoning
- JOSEF NASSY (1940-1976)
Josef Nassy est né à Paramaribo, en Suriname (Guyane hollandaise). Il est un artiste noir d’origine juif du côté de son père qui avait fui l’Espagne au cours de l’inquisition. Au commencement de la Seconde Guerre mondiale, il vivait en Belgique. Il était expatrié et possédait le passeport américain. Il fut arrêté pour le motif d’étranger ennemi. Puis, il a été transféré au camp de transit de Beverloo à Leopoldsburg, en Belgique (durée 7 mois). Ensuite, il a été déporté au camp allemand de Laufen et Tittmoning. Pendant son emprisonnement, Josef Nassy peint, dessine plus de 200 peintures et dessins. Beaucoup de ses œuvres représentent la vie quotidienne dans les camps d’internement
Les camps de Laufen et Tottmoning sont différents des autres. Les internés ne sont pas forcés au travail forcé. Ils ont assez de nourriture, car la Croix-Rouge leur apporte des paquets et complète les rations allemandes. Josef Nassy reçoit aussi des carnets, des crayons, de la peinture à l’huile de la part du YMCA international. De plus, Josef Nassy a de la chance, car le commandant du camp l’a prit en affection. Il l’encourage à peindre et à donner des cours d’art aux autres internes.
Le 5 mai 1945, la troisième armée américaine libère Laufen. La majorité des internes ont survécu à Laufen et Tittmoning. Un après, il est rapatrié en Belgique. Il finit ses œuvres hors de l’Allemagne et il participe à plusieurs expositions d’art de l’Holocauste. En 1992, il fait don de sa collection à l’States Holocaust Memorial Museum. Un riche homme d’affaires Sverin Wunderman, collectionneur d’art, a acheté beaucoup de collections de J.Nassy en 1984. 19 peintures de Laufen et de sa convalescence en Belgique sont dans des mains privées.
- Dans le camp de la Charité-sur-Loire
- LEOPOLD SEDAR SENGHOR
Leopold Sedar Senghor a été interné à la Charité-sur-Loire. Puis, dans les autres cabines de concentration pour finir à Stag 230 à Poitiers. Cet endroit terrible était réservé aux troupes coloniales capturées pendant la guerre.
Une anecdote raconte que les soldats nazis voulaient que tous les soldats noirs africains soient tués le même jour. Leopold Sedar Senghor a réussi a échappé à la mort en criant :
Vive la France, vive l’Afrique Noire »
Un officier français a dit aux soldats nazis que l’exécution des prisonniers noirs africains serait un déshonneur pour la race aryenne et l’armée allemande.
En 1942, il fut libéré pour des raisons médicales. En 1961, il devint le premier président du Sénégal.
2/ L’enfer des prisons de la Gestapo allemande
- DARWIN NICHOLS (dans la prison de la Gestapo, à Butzbach)
Darwin Nichols est un lieutenant et un pilote afro-américain. Il a été incarcéré dans une prison de la Gestapo à Butzbach
- VALAIDA SNOW (1904-1956) (dans la prison de Copenhague, à Vestre-Faengler)
Valaida Snow est une afro-américaine. Elle est une chanteuse et musicienne américaine de Jazz. Elle est surnommée “Little Louie”, car son jeu imite parfaitement Louis Armstrong. Elle pouvait jouer dix instruments différents. Valaida se freine un chemin petit à petit en chantant et dansant. Elle fait des scènes à Los Angeles et en Europe. Mais, les nazis assassinent son manager hollandais, qui est juif. Apeurée, elle s’envole pour Copenhague en 1941 pour y trouver la sécurité. Malheureusement, c’est l’année ou Hitler envahit ce pays. Accusée de vol d’argenterie et de trafic de drogue, elle fut enfermée pendant 18 mois dans la prison de Copenhague.
Mais à son retour aux USA, elle laissera courir le bruit qu’elle a été enfermée dans un camp de concentration. Le biographe Mark Miller révèle la vérité et affirme qu’elle est sortie au bout de 18 mois, échangée par un officier SS amateur de jazz contre un espion allemand.
Humiliée, elle perd toute crédibilité. Elle essaie de relancer sa carrière, mais en vain. Elle devint serveuse dans une station balnéaire à Catskills.
3. La violence psychologique des camps de travail
- THEODOR WONJA MICHAEL
Théodor Wonja Michael est un noir allemand. Il est originaire du Cameroun par son père Théophilius Wonja Michael. Et allemand, du côté de sa mère Martha Wegner. Il a 3 frères et sœurs qui ont fui l’Allemagne, en direction de la France. Mais, Michael resta en Allemagne, et travailla comme groom à l’hôtel Excelsior de Berlin.
Michael dit :
« Tous ces gens qui avaient des passeports d’un autre pays ont quitté l’Allemagne, mais nous ne pouvions pas partir parce qu’il n’y avait pas de pays pour nous prendre. Nous étions apatrides. Le Royaume-Uni a fermé les opportunités pour les Africains des anciennes colonies allemandes de s’échapper. Personne ne nous voulait. C’était un piège, oui. Nous étions piégés en Allemagne. Cela a coûté beaucoup de vies. “
En 1939, il termine sa scolarité. Mais il n’eut pas la possibilité de suivre une formation, en raison des lois raciales de Nuremberg. Puis, il fut renvoyé de son travail de portier à cause de couleur de peau. Pour gagner sa vie, il devint acteur de cirque pour des films coloniaux de l’UFA et joua dans Münchhausen avec Hans Albers. Plus de 100 films sur la période coloniale allemande furent tournés en Allemagne avec des acteurs noirs auxquels ils donnaient du travail et qu’ils mettaient à l’abri de la persécution.
Mais Theodore n’était pas dupe :
« Nous étions les nègres dont on avait besoin. Pour nous, c’était une question de vie ou de mort. »
Théodore était très fier d’être noir allemand. Mais en Allemagne, la vie était devenue instable pour les noirs.
Il disait : ” En Allemagne, je suis toujours regardé fixement, d’autant plus quand les gens entendent mon accent.” Il passait sa vie à se cacher comme d’autres Afro-Allemands, car si on t’attrapait, tu pouvais être stérilisé ou exécuté. L’épée de Damoclès de la stérilisation pendait au-dessus des noirs dans ces années-là.
Puis il rajoute :
“Comme le seul enfant à la peau brune, je n’avais aucune place pour se cacher. Les Juifs avaient une étoile de David sur leurs vêtements, mais mon apparence me distinguait. Dès l’instant, où les nazis sont arrivés au pouvoir, ils classaient par catégories les Aryens et les non-Aryens. J’ai vite découvert que j’étais un non-Aryen.”
Théodore précise qu’il avait peur d’aller à l’hôpital. Et il précisait : “La fuite était impossible, certainement pas si vous avez regardé comme moi. Ceux qui tentaient de fuir ont été capturés et mis directement dans un camp de concentration. Habituellement, ils n’ont pas survécu. “
En 1943, âgé de 18 ans, on l’envoya aux travaux forcés dans un camp de travail, près de Berlin. Réduit à l’esclavage, humilié, il travaillait 72 heures par semaine dans une usine de munition. Ce n’est qu’en juin 1945, qu’il fut libéré par l’Armée rouge (les soldats russes).
- LES TIRAILLEURS SENEGALAIS
El Hadj Ousmane Aliou Gadio est un ancien prisonnier de guerre en Allemagne. Il se trouvait à Moosburg ou était érigé le plus grand camp de travail (Stammlager) pour les troupes coloniales en bavière.
Henry Mendy fut prisonnier de guerre dans un stalag (camp de travail) en France.
Feu El Hadj Doudou Diallo est rescapé des camps de concentration et du massacre de Thiaroye. Les militaires français le condamnèrent à cinq ans de prison qu’il passera à la prison de Rebeuss à Dakar. Ils étaient considérés comme le meneur de la révolte de Thiaroye qui a fait une centaine de morts.
4/ Les victimes assassinées du Nazisme
- HILARIUS (LARI) GILGES
Hilarius Gilges était un danseur. Il fut assassiné par les SS et la Gestapo d’Hitler en 1937, à l’âge de 24 ans. Lari Gilges faisait partit des noirs allemands qui ont résisté contre les nazis. Il a fondé le nord-ouest Rann qui est une organisation d’artistes qui ont combattu contre les nazis, dans sa ville natale de Düsseldorf.
Après la guerre, sa femme et ses enfants ont été payés 12 000 marks.
5/ Les victimes de stérilisation
- HANS HAUCK
Hans Hauck est un afro-allemand, survivant de l’holocauste noir et victime du programme de stérilisation obligatoire d’Hitler. À l’adolescence, il a été forcé de subir une stérilisation, sans anesthésie. Une fois qu’il a reçu son certificat de stérilisation, il signait un accord qui stipulait qu’il n’était pas autorisé à avoir des relations sexuelles avec des femmes allemandes. Après, il était « libre de partir »
De plus, les programmes de stérilisation des Noirs ont été institués par le docteur Eugen Fischer. Il est le plus haut généticien nazi. Il a développé ses théories raciales en Allemagne du Sud-Ouest africain (Namibie aujourd’hui) bien avant la Première Guerre mondiale. En Namibie, Fischer affirmait qu’il y avait des dangers génétiques résultant du mélange entre les colons allemands et les femmes africaines.
En 1936, 800 enfants métis vont vivre un véritable enfer. En effet, une moitié est envoyée au camp de concentration. Tandis que l’autre moitié sera stérilisée, sans anesthésie par le docteur Eugen Fisher.
6/ Les témoins noirs-allemands vivant en Allemagne Nazie
- HANS-JÜRGEN MASSAQUOI (1926-2013)
Hans Massaquoi est né en 1926. C’est un métis Afro-Allemands. Il est le fils d’une infirmière allemande et du consul général Momulu Massaquoi du Liberia, à Hambourg.
Lorsque Hitler arrive au pouvoir, Hans vit en Allemagne avec sa famille, car sa santé est fragile. Après le retour de son père du Liberia, Hans va à l’école comme tous les autres garçons allemands. Charmé, par le Führer, il veut rejoindre les jeunesses hitlériennes. Mais, depuis qu’Hitler est au pouvoir, la vie est difficile pour les noirs. On lui interdit de rejoindre le mouvement des jeunesses hitlériennes comme ses camarades de l’école.
À cause de sa couleur, il est bloqué vers le secondaire et à très peu de chance d’avoir un métier. Hans vit désormais dans la peur. Il a peur que la Gestapo frappe à sa porte. Hans précise que les métisses n’étaient pas aussi rares.
Hans précise qu’il a essayé de fuir l’Allemagne. Mais, la Grande-Bretagne et la France ont fermé leurs portes pour les afro-allemand au motif qu’ils sont des descendants d’un pays autrefois dirigé par l’Allemagne.
Hans aura de la chance. Il ne sera pas maltraité. Il était juste considéré comme un citoyen de seconde classe. Il se rendit vite compte de l’hypocrisie du racisme. En 1947, il part au Liberia. Ensuite, il émigre aux Etats-Unis en servant en tant que parachutiste dans la 82e division aéroportée. Plus tard, il deviendra le rédacteur en chef du magazine Ebony.
Connaissez-vous d’autres victimes noirs dans les camps nazis ? N’hésitez pas à nous faire partager vos histoires !
Merci pour ces informations,une très belle lecture avec une très belle façon d’écrire.
Cette lecture m a semble trop courte, encore merci pour ce regale passe a vous lire.
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