Les dreadlocks dans l’histoire : origine de la coiffure rasta
Les dreadlocks sont une coiffure ancestrale, qui a traversé les civilisations. Ils sont présents dans de nombreux pays du monde. De nombreux peuples arborent cette coiffure atypique.Surnommés « dreads », « locks », « rasta », « Jata » en hindi, les dreadlocks sont devenus une coiffure incontournable.
Mais premièrement, qu’est-ce que les dreadlocks ?
Les Dreadlocks sont des mèches de cheveux, qui s’emmêlent et se forment seules si les cheveux poussent naturellement. Plus précisément, une fois que les cheveux ne sont pas coupés ou brossés, il grandit naturellement, et commence à faire des torsions. Les cheveux emmêlés forment ainsi des dreadlocks.
- En Égypte ancienne
Les premières traces des dreadlocks remontent à l’Égypte antique. En effet, les membres de la famille royale égyptienne et les hauts dignitaires politiques portaient ce genre de coiffure, soit au naturel ou sous forme de perruque. On retrouve des dreadlocks sur des momies d’anciens Égyptiens, des perruques, des statues et divers objets.
- En Asie
Ils sont aussi très présents dans la culture indienne avec le védisme (croyance indienne) et les Sâdhu. En Asie, notamment en Chine ou en Inde, les dreadlocks étaient réservés aux membres de la société noble et aux ascètes. Par exemple, en Inde, les dreadlocks sont (presque) exclusivement réservés aux personnes de foi, et aux chamans de nombreux groupes ethniques. Leurs cheveux forment un rituel religieux et une expression de leur croyance. Porter des dreadlocks est supposé apporter une bonne santé et exprime une liberté domestique et leur attachement à la terre.
Un indien “sadhu” en dreadlocks
ascétique hindu en dreadlocks
- Au Mexique
De plus, dans la culture mexicaine au 4ème et 7ème siècle, les prêtres de la civilisation aztèque avaient aussi des dreadlocks. William Hickling Prescott décrivait qu’il fut reçu par six prêtres, à qui les boucles longues et emmêlées flottaient sans ordre par-dessus leurs robes. »
- En Europe (peuple germanique, viking, grec, celte)
On retrouve aussi ce style capillaire aussi chez les peuples germaniques, les Vikings, les Grecs ou les Celtes. D’après les comptables romains, les Celtes arboraient aussi des dreadlocks, les décrivant comme des personnes ayant les « cheveux comme des serpents.» Selon un mythe, les Vikings ont cru en une fée qui attacherait leurs cheveux la nuit, et s’interdisant alors de les peigner de peur de s’attirer le malheur !
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- En Afrique
De nombreux peuples en Afrique (homme ou femme), comme les Akan, Bantous, Masaï, Peuls, Soninké, Okomfo (au Ghana), les tribus Bono, Oromo, Galla, les prêtres coptes d’Ethiopie “ Bahatowie ” portaient des dreadlocks. Pour eux, les locks avaient une forte signification raciale ou spirituelle. Pour d’autres, cette coiffure est un symbole de fierté et de gloire ethnique en refusant les valeurs étrangères au peuple africain. La chevelure crépue de ces peuples rendait plus facile la réalisation des locks qui se forment de manière naturelle, ou bien par manipulation.
Par exemple, chez les Wolofs, les coiffures en locks étaient portées par les rois et la classe guerrière des Tiedos. Au Sénégal, les Baye Fall (les disciples du mouridisme, une confrérie de l’islam indigène au pays qui fut fondée en 1887 par Ahmadou Bamba), affiche des dreadlocks « ndiange » et de toges multicolores. Chez les Masaï, on commencé les locks à partir de tresses.
Le peuple Masaï avec ce genre de coiffure
Baye Fall avec des dreads
- Dans la bible « les Saintes Écritures »
La Bible fait régulièrement référence aux dreadlocks, notamment par Jean le Baptiste et surtout par Samson qui en portait sept et perdit sa légendaire force lorsqu’elles furent coupées. Les Nazarites du Judaïsme, les Devriches, les soldats du roi Salomon et les moines Christianisme ont aussi revêtu ce style de coiffure.
- En Jamaïque avec le mouvement Rastafari
Associé de près au mouvement Rastafari « rasta », le port des dreadlocks est un symbole de spiritualité intérieure et de croyances religieuses profondes. Il a cependant diverses significations et théories.
Premièrement, le mot dread dans le mouvement se réfère à une crainte de Dieu (dread of God, fear of God) et aux saintes écritures. Les Saintes Écritures possèdent de nombreuses références plus ou moins explicites concernant la Chevelure. Se conformer aux principes édictés dans le ou dans les Nombres (“Vous ne couperez point en rond les coins de votre chevelure, et tu ne raseras point les coins de ta barbe.” (Lévitique 19-27). Les sacrificateurs ne se feront point de tonsure sur la tête, ils ne raseront point les coins de leur barbe et ils ne feront point d’incision dans leur chair” (Lévitique 21-5) “Pendant tout le temps de son naziréat, le rasoir ne passera point sur sa tête ; jusqu’à l’accomplissement des jours pour lesquels il s’est consacré à l’ É ternel, il sera saint, il laissera croître librement ses cheveux.” (Nombres 6-5). “)
Les rastas portent des dreadlocks et ne se rasent pas les cheveux ou la barbe. Dans leurs croyances, ils font référence au lion de Juda qui figurait au centre du drapeau éthiopien.
Bob Marley, véritable référence avec les dreadlocks
Nerrisa, une beauté jamaïcaine en Dreadlocks
Pour eux, c’est un animal emblématique de l’Éthiopie, symbole de courage et de force. Ils se rattachent aussi à Haïlé Sélassié Ier empereur d’Éthiopie, qui est pour eux un descendant du roi Salomon et de la reine de Saba. Les guerriers éthiopiens « Ethiopian Warriors » de Leonard Howell se laissaient pousser les cheveux pour créer un effet effrayant face à l’ennemi.
Il est très important pour les ” Natty Dreads ” :
_de garder une relation élective avec l’Afrique.
_Les descendants des victimes de l’esclavage ont besoin de se réapproprier leur histoire et la fierté d’être des hommes noirs, de voir en l’Afrique la terre originelle, celle des ancêtres dont on les avait dépossédés.
_ Le mouvement « BACK TO AFRICA » de Marcus Garvey, les prêches de Leonard percival Howell, et l’empereur Haïlé Sélassié ont un impact fort dans la communauté rasta. Fier de leurs origines africaines, le retour vers l’Afrique de Marcus Garvey sonne clairement dans leurs esprits avec des valeurs de liberté face aux souffrances, de paix et espoir.
_ Haïlé Sélassié a montré sa reconnaissance en effectuant un voyage mémorable en Jamaïque en 1966 où dans un discours, il s’écrie :
Ne rentrez en Afrique que lorsque vous aurez libéré tous les Jamaïcains oppressés dans leur pays. »
En outre, Haïlé Sélassié décide d’offrir des terres en Éthiopie du nom de « Shashamane » à tous les membres de la diaspora noire qui désireront de rentrer en Afrique par le biais de l’Ethiopian World Federation (EWF). Il en profite ainsi pour remercier chaleureusement les Noirs américains et caribéens. Le terrain du nom de « Shashamane » est ainsi devenu pour certains Rastas le symbole du rapatriement en Afrique.
On voit bien dans la culture rastafari, la dualité entre Nature/Culture et Zion et Babylone. Pour les rastas, se peigner ou se défriser les cheveux signifiait que l’on restait marqué du sceau de la civilisation occidentale.
Une deuxième signification se rapproche des militants dreadlockés craint les « Mau Mau. » Les Mau Mau sont un groupe rebelle, menés par Jomo Kenyatta, qui s’opposait férocement contre le colonialisme britannique au Kenya dans les années 1940. Ces combattants arboraient des dreads symbole de peur pour les colons, qui les voyaient. Plus exactement, les dreads sont terribles, horribles pour les Babyloniens, mais magnifique et symbolique chez les rastas. C’est un symbole ici de rébellion claire face à un impérialisme grandissant.
D’autres pensent que les dreadlocks sont apparus en Jamaïque avec les indiens immigrés, qui avaient des locks atteignant parfois trois mètres de long ! Joseph Nathaniel Hibbert (du mouvement rastafari) expliquait qu’il existait un petit groupe de rastas du nom de ” Jatavi “, dans le milieu des années trente, qui avaient des dreads.
Avec la popularité grandissante du reggae avec le chanteur Bob Marley, les Dreadlocks sont devenus un véritable phénomène et resteront à jamais une coiffure indémodable.
- Chez les nationalistes et altermondialistes
Certains nationalistes ou panafricanismes portent les locks, qui sont un moyen de manifester leur opinion, unité et refus face à l’oppression raciste. Elle devient une déclaration politique ou même manifestation de fierté ethnique différente.
En occident, avec la montée du reggae, beaucoup de groupes altermondialistes ou activistes écologiques arborent ce genre de coiffure.
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