« Croire en son destin » : Nandi, reine de Zululand, une femme de haute estime
Contexte historique
L’histoire incroyable de Nandi, reine de Zululand, se situe au XVIIIe siècle, dans la partie de l’Afrique du Sud, nommée « Zululand »
Naissance d’une femme de détermination
Fille d’un chef de la tribu des Elangeni, Nandi Bebhe est née en 1766 à eBonzini umuzi. Son amour pour son fils et sa détermination ont fait d’elle, une des femmes africaines, les plus remarquables de l’histoire.
Rencontre de Nandi avec le prince des Zulu Senzangakhona KaJama
Près des collines de Babanango, à proximité de l’ikhanda esiKlebe, Nandi a rencontré le prince Senzangakhona au sud de la rivière White Umfolozi dans le lit boisé de la rivière Mkumbane, pendant qu’elle effectuait un voyage pour rendre visite à des parents.
À cette époque-là, le prince Senzangakhona a déjà deux femmes, légitimes, qui ne lui ont pas encore donné d’enfants. Mais cela ne l’empêche pas de séduire la jeune Nandi, connue pour sa beauté et sa haute estime de soi. De cette union amoureuse, Nandi va tomber enceinte au bout de 6 mois et va donner naissance à un fils, le très célèbre, Chaka Zulu. La vie de Nandi va complètement changer à cause de cette naissance.
Une naissance pleine de changements
Lorsque Nandi a annoncé sa grossesse à Senzangakhona pour la première fois, les anciens de la tribu ont vu ça d’un très mauvais œil. Pour éviter la honte, ils ont affirmé qu’elle n’était pas enceinte, mais souffrait d’une affection de l’estomac causée par le coléoptère iShaka, un relâchement des intestins.
Quand l’enfant est né, Nandi a subi une grande humiliation, car elle avait conçu un enfant hors mariage. Insultés, maltraités, rejetés, il n’y a eu aucune fête de bienvenue, ni de cérémonie pour elle et son enfant.
Les femmes et chanteuses des eLangeni ne perdirent pas de temps pour la dénigrer, comme dans cette phrase tirée d’un poème :
USontanti, Omathanga kahlangani, ahlangani ngokubona umyeni” qui veut dire « La femme, dont les cuisses ne sont jamais pressées l’une contre l’autre, sauf à la vue d’un homme. ”
Elle s’est aussi attiré les foudres et la colère des premières épouses de Senzangakhona, jalouses et amères de cette situation. Selon la coutume Zulu, les femmes enceintes qui n’étaient pas mariées devaient être renvoyées avec leur enfant. Et leurs enfants n’étaient jamais reconnus comme étant de sang royal. Les épouses légitimes du roi, jalouses et aigris, firent pression à Senzangakhona pour qu’il bannisse Nandi du royaume.
Nandi avait eu autant de problèmes, car elle avait eu un enfant hors mariage, mais aussi elle a été l’objet d’un mariage interclan qui était interdit. En effet, la mère de Nandi, Mfunda, était la fille de Kondlo, un chef Qwabe, avec qui les mariages mixtes entre clans et Zoulous étaient inacceptables.
Abandonnée pendant sa grossesse par le prince, humiliée en permanence, Nandi, mère célibataire, a gardé confiance en la vie et a continué de croire en son destin. Elle était persuadée qu’un jour son fils deviendra roi et se répéta jour et nuit :
“Mon fils sera un grand roi. »
Elle lui a inculqué des valeurs et a élevé son fils du mieux qu’elle a pu. Elle lui a inculqué le pouvoir de l’unité et le concept de « Nous sommes les mêmes ».
Quand, elle a été chassé, elle va être recueilli par une prêtresse, qui lui expliquera que l’enfant qu’elle porte est le fruit d’une grande prophétie, selon laquelle un grand chef naîtra de la tribu des Zulu et révolutionnera toute la partie sud du continent africain.
Fatigué des rumeurs incessantes, le père de Chaka, va décider d’épouser Nandi et de les accueillir dans son Kraal. Elle deviendra ainsi sa troisième épouse. Le fort caractère de Nandi se témoigne aussi lors des cérémonies du mariage, où c’est elle-même qui va négocier devant l’époux le montant de la dot et le prix du rachat de l’enfant illégitime. Humilié, par l’audace et le courage de la mère de Shaka, le roi Senzangakona ne va pas hésiter à l’humilier et la mépriser régulièrement aux yeux de tous. Malgré tout, elle donnera à son époux, un deuxième enfant.
Le roi va continuer à humilier Nandi, pendant la cérémonie du mariage de sa quatrième épouse. Il va demander à sa troisième épouse de porter la calebasse d’eau à ses lèvres. Quand elle obéira, il n’hésitera pas à la pousser et la faire tomber par terre.
Mère célibataire, Nandi va décider d’élever ces enfants seule et de retourner chez les Elangani.
Épuisée par tous ces mauvais traitements, Nandi va décider de fuir avec ses deux enfants et de retourner vers sa tribu des Elangani.
Dans sa propre tribu, les moqueries, les insultes, les agressions vont recommencer de plus belle. Sujet de honte, Nandi et son fils sont rejetés. Personne ne veut rester avec eux. Un jour Chaka se fait frapper à mort par les jeunes de la tribu, et pour Nandi, c’est l’acte de fin. Elle décide une fois encore, de prendre ses enfants et sa mère et de s’en aller.
Le bonheur retrouvé chez la tribu des Mthetwa
Dingiswayo, chef de la tribu des Mthetwa, va accueillir chaleureusement Nandi et ses enfants. Toujours amoureux, il va prendre soin d’elle et de ses enfants, comme s’ils étaient sa propre chair. Pour une fois de sa vie, Nandi se sentira enfin à sa place, aimer et choyer.
Dingiswayo va enseigner à Chaka, l’art de la guerre et du combat. Il entraînera le jeune homme dans son armée jusuq’à ce que la renommée et la popularité de Chaka se fassent entendre partout. Chaka a servi pendant six ans en tant que guerrier mthethwa et s’est distingué par son courage pour devenir un général.
Sa popularité arrivera jusqu’aux oreilles de son père, Senzangakona qui décidera alors d’aller lui-même récupérer son fils chez Dingiswayo.
À la mort de son père, il créera sa propre armée pour aller conquérir le trône des Zoulous. Couronner roi des zoulous en 1816, il décidera de donner le titre de Reine Mère à Nandi. Bonne conseillère, sa mère est une force de modération dans sa vie. Elle lui suggéra souvent de faire divers compromis politiques plutôt que des actions violentes. La mère du redoutable roi et guerrier, par sa détermination et sa patience, lutta contre les commerçants esclavagistes.
Elle restera la conseillère de Shaka, jusqu’au 10 octobre 1827, ou elle mourut de dysenterie. Cependant, à la mort de sa mère, plus de 7 000 personnes ont été exécutées dans ce que l’on appelle «chagrin» pour la reine décédée.
Il faut préciser que la plupart des sources sur l’histoire de Nandi proviennent de sources vocales. Dans l’histoire, la mère du grand Shaka Zulu, reste un symbole de patience, de détermination. On garde d’elle une grande estime, car elle a surmonté de nombreuses difficultés. Et malgré tout, elle a cru en son destin et à celui de son fils.
Pour toutes les femmes qui se retrouvent dans des situations compliquées, mères célibataires, femmes abandonnés par leurs maris, n’oubliez pas qu’il faut toujours croire en sa chance et garder confiance en Dieu et au destin. C’est dans la difficulté, qu’un homme est capable de montrer le meilleur de lui-même.
Qu’en pensez-vous ?