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Marcus Garvey : leader du mouvement Back to Africa & panafricaniste

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Marcus Garvey : leader du mouvement Back to Africa & panafricaniste

Un peuple qui ne connaît pas son passé, ses origines et sa culture ressemble à un arbre sans racines. » Citation de Marcus Garvey.

Lorsque je vois la situation des noirs afro-américains, afro-latinos ou même caribéens, je pense automatiquement à ce que Marcus Garvey aurait pensé. Je pense que son cœur aurait été blessé de voir qu’au 21e siècle, les noirs souffrent encore de discrimination dans le monde et que dans certains pays, la situation s’est même empirée. Tous les 10 ou 20 minutes, un noir afro-américain ou afro-latino décède suite au bavure d’une police raciste, qui est motivée par la peur des autres. Mais, heureusement, il existe des hommes très bien dans la police. Et malheureusement, il n’y a pas de justice pour les victimes, car les coupables sont souvent acquittés. J’entends les cris du rappeur Akon, suite à la mort d’un jeune noir aux Etats-Unis de retourner en Afrique. Car trop, c’est trop, combien de temps le peuple noir va-t-il être opprimé ? Quand aurons-nous droit aux réparations suite à l’esclavage ? Peut-être que le go back to africa de Marcus Garvey est une forme de réparation. Les enfants enlevés, descendants d’esclaves retournent découvrir la terre de leurs ancêtres. Mais, est-ce que l’Afrique serait prête à les accepter ? Sommes-nous prêts à leur accorder la double nationalité ? Ca, l’avenir nous le dira. Aujourd’hui, Afroculture.net porte son regard sur un homme exceptionnel, qui a milité toute sa vie pour la cause des noirs, un héros et un leader nommé Marcus Garvey.

La naissance d’un visionnaire.

Le 17 août 1887, Marcus Mosiah Garvey est né à Saint Ann’s Bay en Jamaïque, dans une famille nombreuse de onze enfants. Malgré l’abolition de l’esclavage, la Jamaïque est une île opprimée, qui subit la ségrégation raciale. Les conditions de vie des noirs restent souvent pénibles et il faut se battre au quotidien pour être accepté. Très jeune, le petit Marcus est passionné de lecture. Il décide à l’âge de 14 ans d’abandonner l’école pour devenir imprimeur. Curieux, il veut connaître le monde et part en voyage en Amérique latine, aux Etats-Unis et en Europe. Attristé, il se rend compte que le sort des noirs est dramatique. Partout, ils sont les victimes de la discrimination raciale et ont souvent des positions sociales inférieures. Touché dans son être le plus profond, il veut faire quelque chose pour aider sa communauté. Il a soif de justice et d’équité pour un peuple qui a été trop longtemps opprimé.
À son retour en Jamaïque, marqué par ce qu’il a vu en Amérique du Sud, Garvey mûrit les bases de l’UNIA  dans sa tête (Universal Negro Improvment Association). Il souhaite créer un mouvement fort destiné à améliorer la vie des Noirs partout dans le monde et auquel il consacrera bientôt sa vie.
En 1916, il arrive aux États-Unis où il rencontre tous les mouvements visant à l’émancipation des Afro-Américains. Dans le but d’aider sa communauté, en 1917, il fonde l’UNIA (Association universelle pour l’amélioration de la condition noire), qui est toujours en activité aujourd’hui. Son but est d’aider et d’élever sa communauté en prônant la rédemption par le rapatriement. Leur devise est « One God! One aim! One destiny! », qui signifie « Un Dieu ! Un But ! Une Destinée ! » Son siège est transféré deux ans plus tard à New York.
Excellent orateur, beaucoup de gens se reconnaissent dans ses propos et il devient un véritable leader et meneur de la cause noire. Sa renommée traverse les frontières du monde. Ironiquement, son idée était soutenue par des membres du Ku Klux Klan, qui approuvaient tout à fait cette purification ethnique par un départ volontaire.

La pensée de Marcus Garvey.

Ayant beaucoup voyagé, Marcus Garvey est installé à Harlem de 1918 à 1922, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Dans son cœur, il ne pense pas que les noirs Afro-américains pourraient vivre libres et être respectés en Amérique. Il a bien été trop souvent témoin des discriminations raciales rencontrées par la communauté noire. Il pense que les noirs seraient plus heureux s’ils retournent vivent en Afrique, sur la terre de leurs ancêtres. Il est le promoteur du mouvement « BACK TO AFRICA » et souhaite un rapatriement international des noirs en Afrique. Plus précisément au Liberia ou en Ethiopie. Il est pour une séparation nette entre les noirs et les blancs, car ils pensent que les blancs n’accepteront jamais les noirs.
Des chefs de file comme W.E.B DUBOIS, A Philip Randolf ou d’autres s’opposent totalement à sa pensée. Car, ils sont les partisans de l’intégration. Et, ils se créent rapidement des nouveaux ennemis. Mais, heureusement pour lui, d’autres comme le père de Malcom X croit fermement en ses idées.
Comment compte-t-il réaliser ses idées ?
1/ Une compagnie maritime pour un retour en Afrique.
En 1919, Marcus Garvey crée la Black Star Line, une compagnie maritime censée servir le projet de rapatriement vers l’Afrique. La Black Star Line avait pour objectif de desservir les Etats-Unis (nord ou sud), les Antilles et les Caraïbes pour ramener les noirs en Afrique, sur la terre de leurs ancêtres. On voit clairement que l’idée est mûrement réfléchie.

Ils demandent l’aide des Afro-américains pour financer l’investissement de sa flotte. Respecté, il est suivi par 250 000, voire 300 000 sympathisants. Les autorités fédérales commencent alors à s’intéresser à lui. Dès 1922, grâce au soutien des afro-américains, Marcus Garvey a pu acquérir 4 paquebots transatlantiques. Véritable onde de choc, chez les noirs et les blancs, tout le monde était impressionné par un homme qui avait compris que la seule voie vers l’accession au pouvoir politique passait par la puissance économique. Il a parlé, mais il a eu le courage de mettre des actions à ses actes. La Black Star Line était une idée brillante témoin du soutien et de l’amour de toute une communauté.
2/ Création du journal Negro World et d’usines & réseaux de distribution.
Pour expliquer les prises de position de l’UNIA, Marcus Garvey décide de fonder un journal intitulé « The Negro World » Ce journal édite et publie les discours de Garvey et passent des informations qui ne sont pas rapportées dans les autres journaux. Il décrit très clairement ses pensées sur la fierté noire et le retour en Afrique pour les Afro-Américains et les Afro-Caribéens.

De plus, Garvey affirme que les Noirs ne seront respectés que lorsqu’ils seront économiquement forts. Voyant dans ce journal une menace, de nombreux gouvernements coloniaux interdisent sa publication dans leurs pays.
De plus, Marcus fonde des usines et des réseaux de distribution pour soutenir ses actions.
3/ Négociation de terre avec le gouvernement libérien pour accueillir les Afro-américains, Afro-caribéens et Afro-latinos.
Marcus Garvey ne s’arrête pas à l’acquisition d’une compagnie maritime pour ramener les noirs déportés par l’esclavage dans leur terre natale. Il négocie un projet ambitieux avec le gouvernement libérien. En effet, il souhaite acquérir des terres pour les Afro-américains, Afro-caribéens et Afro-latinos, qui souhaitent retourner en Afrique. Pour lui, on dirait une forme de réparation de la dignité humaine suite à l’esclavage.
En contrepartie, il fera diverses actions :

  • 1/ Il aidera financièrement le Liberia à la construction d’écoles et d’hôpitaux.
  • 2/ Il transféra le siège de l’UNIA au Liberia, sans oublier qu’ils ont plus de 6 millions de membres.
  • 3/ Il procédera à une liquidation des dettes libériennes.
  • 4/ Le peuple noir qui arrivera contribuera au développement de l’agriculture et des ressources naturelles, etc.

Très enthousiaste, le gouvernement libérien était emballé par cette proposition ingénieuse. Imaginé le poids historique, si ça avait eu lieu. Mais, malheureusement la jalousie et la pression des puissances coloniales de l’époque vont encore une fois saboter ce projet. Ils vont obliger le Liberia a donner ces terres à une entreprise américaine influente Harvey Firestone, soutenue par le gouvernement américains.

Les difficultés rencontrées d’un homme ambitieux.

Malheureusement, pour lui, la compagnie maritime « Black Star Line » fit banqueroute. En 1922, on accuse Marcus Garvey d’escroquerie envers ces actionnaires. Réalité ou sabotage de la part de ses ennemies ? Dieu seul sait la vérité. Marcus Garvey et trois de ses associés sont poursuivis pour fraude devant les tribunaux. Il est condamné à 5 ans de prison au pénitencier fédéral d’Atlanta en 1925, mais il n’en fera que deux. Puis sera renvoyé en exil en Jamaïque par le président Calvin Coolidge en 1927 et interdit de séjour aux États-Unis.
De retour en Jamaïque, Marcus est accueilli en héros national de la patrie. Tous les jamaïcains se bousculent pour aller écouter ses discours lors de ses meetings. Toute la vie politique de la Jamaïque est littéralement bouleversée. Dans ses discours, il faisait souvent allusion à l’Éthiopie avec une prophétie : « Regardez vers l’Afrique, où un roi noir sera couronné, qui mènera le peuple noir à sa délivrance. »
Cette simple phrase a eu un impact considérable chez le mouvement des rastafaris. Pour eux, c’est une véritable prophétie. Le 2 novembre 1930, en Éthiopie, Ras Tafari Makonnen avait été couronné sous le nom de Heile Selassie I qui signifie ” Pouvoir de la Sainte Trinité “. Il est le chef d’une des premières nations officiellement chrétiennes de l’histoire, l’Abyssinie. Sélassié serait le descendant direct du Roi Salomon et de la reine Makeda de Saba. En raison de ses titres de « Roi des rois », « Seigneur des seigneurs » attribués au messie dans l’Apocalypse de Jean, il sera considéré comme le messie par les rastafaris.

Décès de Marcus en Angleterre.

En 1935, Marcus Garvey décide de retourner en Angleterre. Il continue de se battre pour ses idées en développant l’UNIA. Mais, le 10 juin 1940, il décède d’une crise cardiaque à Londres au n° 53 Talgarth Road dans le quartier londonien d’Hammersmith. Malheureusement, pour lui, il est mort sans jamais avoir eu la chance de retourner en Afrique. En 1964, ses cendres ont été transférées en Jamaïque où il est devenu un héros national.
Plébiscité en Afrique et chanter par les artistes jamaïcains comme Burning Spear, Bob Marley, Greg Rose et pleins d’autres, mais aussi par le monde du hip-hop avec des rappeurs comme Mos Def, Kendrick Lamar et Talib Kweli et en Afrique avec Tiken Jah Fakoly. Il reste dans les mémoires collectives comme un fervent militant de la race noire. Un homme qui a sacrifié sa vie avec des actions concrètes pour le bien-être de son peuple. Un homme qui voulait plus de justice pour un peuple souvent opprimé, qui souffre encore malheureusement de discriminations raciales.
Quelques citations de Marcus Garvey !

 Une race sans aucune autorité et sans aucun pouvoir est une race qui ne se respecte pas. »
 Soyez autant fiers de votre race aujourd’hui que l’étaient vos pères dans le passé. Nous avons une histoire magnifique, et nous allons en créer une autre dans l’avenir qui étonnera le monde. »
 L’éducation est le moyen par lequel un peuple se prépare pour la création de sa civilisation propre et aussi l’avancement et la gloire de sa propre race. Dieu et la Nature nous ont fait ce que nous sommes, mais à travers notre génie créateur nous faisons de nous-mêmes ce que nous voulons être. »
 Si tu n’as aucune foi en toi-même tu es doublement vaincu dans la course de la vie. Avec la foi tu as gagné avant même d’avoir commencé Il est possible que nous vivions pas tous la réalité d’un empire africain si fort, si puissant qu’il imposerait le respect à l’humanité, mais nous pouvons cependant durant notre vie travailler et œuvrer à faire de ce projet une réalité pour une autre génération. »
 Trop nombreux sont ceux parmi nous qui trouvent des prétextes pour fuir la race noire parce que nous sommes amenés à croire que notre race n’a aucune valeur – qu’elle n’a jamais rien accompli. Lâches que nous sommes ! C’est nous qui n’avons pas de valeur, parce que nous ne contribuons pas à l’élévation et à la construction de cette race noble. »

Et pour vous, qui est Marcus Garvey ? Que représente-t-il à vos yeux ?

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